Renforcement de l’éducation formelle et citoyenne dans la région du Nord-Ouest d’Haïti 3

Renforcement de l’éducation formelle et citoyenne dans la région du Nord-Ouest d’Haïti

Haïti — Education Haïti
du 15 juillet 2023 au 14 juillet 2025

Objectif global du projet 

L’objectif du projet est de contribuer au renforcement des capacités institutionnelles de l’ONG haïtienne ADEMA par l’amélioration de son système de suivi/évaluation et de sa stratégie d’intervention en faveur de la jeunesse au travers de l’envoi d’un couple de volontaires d’Eirene Suisse spécialisés en gestion de projet, pédagogie et travail avec les jeunes.

Contexte 

Le climat sociopolitique et les conditions de sécurité en Haïti sont de plus en plus désastreux et la situation continue de se dégrader. À l’échelle du pays, 4,7 millions de personnes sont en état d’insécurité alimentaire aiguë dont 1,8 millions sont en phase d’urgence et 19’000 sont en situation d’urgence absolue. La présence des gangs armés et leur puissance s’intensifient quotidiennement ainsi que leurs activités (vols, viols, kidnappings, extorsions, détournements de marchandises, assassinats, destruction d’habitations)[1]. La violence continue de paralyser la vie de la population. À la suite de l’assassinat du président de la République, Jovenel Moïse, en 2021, un gouvernement de facto a été instauré. Depuis début 2022, il n’y a plus aucun élu politique en fonction. De nombreux acteurs nationaux et internationaux, dont MSF[2], décrivent la situation d’un pays en guerre, malgré l’absence d’un conflit armé réel.

Haïti, deuxième pays des Grandes Antilles, a une population évaluée à plus de 11 millions d’habitants (IHSI, 2017). La population haïtienne a un âge moyen de 22 ans et est composée de plus de 54 % de jeunes de 10 à 24 ans. La population active étant chiffrée à 6 millions de personnes, cela signifie qu’il y a « une forte proportion de la population » ayant la capacité de travailler. Durant ces dernières années, les mouvements et groupes de jeunes se sont impliqués activement dans les actions politiques. À partir de ces mouvements, une nouvelle génération de jeunes s’est imposée comme acteur politique non négligeable dans l’arène politique haïtienne. Malgré cela, bien qu’une inclusion significative des jeunes est essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable, l’intégration des jeunes dans les actions de développement reste un défi majeur pour le pays. Aucun cadre légal et normatif n’est défini pour une véritable protection de la jeunesse. Il n’y a pas véritablement de politique de jeunesse définie par le Gouvernement, malgré des actions de plaidoyers lancées par des organisations de la société civile. Au niveau local, aucune politique de jeunesse n’est définie. Les Collectivités Territoriales[3], n’ayant pas de moyens suffisants pour conduire le développement dans leur communauté ne mettent pas l’accent sur les jeunes dans les programmes existants et les engagements de développement. Dans les outils de planification existant, notamment les PCD, la jeunesse n’est pas prise en compte de manière spécifique. La culture et les loisirs restent les principales activités de la jeunesse cependant, elles sont souvent négligées par les autorités étatiques et locales. Au niveau local, certaines initiatives sont lancées dans ces mêmes domaines par les jeunes et appuyées par les Collectivités Territoriales malgré les maigres moyens de ces dernières.

Ainsi, comme souligné, les jeunes constituent un potentiel de développement énorme. De fait, une inclusion significative des jeunes est essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Stratégique de Développement d’Haïti, de multiples actions de protection et de développement de la jeunesse sont donc prévues. Cependant, l’intégration des jeunes dans les actions de développement reste un défi majeur pour le pays.

Le projet

Ce projet vise à l’amélioration de la stratégie d’intervention en faveur de la jeunesse de l’association haïtienne ADEMA, ainsi qu’à améliorer son système de suivi/évaluation.

Ainsi, au travers de l’envoi d’un couple de volontaires suisses spécialistes en gestion de projet, pédagogie et travail avec les jeunes et du financement d’activités spécifiques, nous appuierons l’association ADEMA afin de moderniser leur dispositif de Suivi, Évaluation, Redevabilité et Apprentissage (système MEAL) devenant obsolète. Ce système doit contribuer à renforcer l’efficacité des interventions d’ADEMA à travers la capitalisation de ses expériences et, in fine, le plaidoyer.

La deuxième partie importante du projet est la mise en place d’activités innovantes en faveur de l’éducation formelle (scolaire) et informelle (éducation à la citoyenneté) des enfants et jeunes des écoles de la région, permettant de renforcer le travail d’ADEMA en faveur de la jeunesse. Ainsi, il sera offert, en lien avec le programme éducation de l’organisation, une série d’activités avec et pour les écoles afin de susciter l’engagement civique des jeunes, notamment la mise en œuvre d’un programme d’éducation à la citoyenneté active. Au sein des écoles, très peu d’activités en termes d’éducation civique, d’éducation à la citoyenneté et de vivre ensemble sont menées. Ces thèmes sont noyés dans les programmes d’autres branches scolaires. Or, grâce à l’engagement civique, les jeunes acquièrent les compétences de résolution de problèmes ainsi que des compétences en matière d’estime de soi et de leadership dans le but de renforcer leur influence et leur intérêt personnel dans leur communauté et leur pays.

Un autre point travaillé par le projet sera le renforcement des connaissances et compétences du personnel d’ADEMA, afin qu’ils puissent mener à bien des activités en faveur de la jeunesse.

Après le départ des volontaires qui auront pu former les collaborateurs d’ADEMA sur les outils développés durant leur mandat, les activités continueront durant la deuxième année. Elles seront réalisées par les collaborateurs·trices des programmes éducation et développement local et suivies conjointement par le responsable éducation et le responsable de suivi et d’évaluation. Cette stratégie vise à la durabilité des actions au-delà de la fin du projet.

Impacts attendus

  • Amélioration de l’éducation via le renforcement de l’accès à l’éducation pour les élèves des milieux ruraux.
  • Renforcement des capacités institutionnelles d’ADEMA.
  • Promotion de la citoyenneté chez les jeunes par le bias d’actions éducatives.
  • Progression de l’éducation formelle et informelle des jeunes.

[1] https://www.cetri.be/Haiti-qui-sont-les-gangs-auteurs

[2] https://www.cetri.be/Chaos-a-Haiti

[3] Les collectivités territoriales, définies au nombre de trois par la constitution sont : le département, la commune et la section communale. Chaque collectivité décentralisée est dotée d’une structure de délibération et d’une structure d’exécution. Haïti est un pays décentralisé depuis 1987, selon un modèle constitutionnel encourageant la participation des administrés aux prises de décision locales. Sous tutelle du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT), il institue trois niveaux de CT autonomes : les sections communales (SC), les communes, et les départements. Chaque collectivité est administrée par un Conseil, organe exécutif, et une Assemblée, organe délibérant.

Eirene Suisse reçoit une contribution de cofinancement de la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) au travers d’Unité pour son programme quadriennal 2021-2024. Voir les détails

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